Impressions romaines

01.01.2019

Les dioramas de Frère Gilbert dans le Musée des crèches à Rome

 

Un complément à mon article

 

Paul Laternser, membre du comité, a organisé un voyage de sept jours à Rome en janvier de cette année. La visite du «Museo del Presepio Angelo Stefanucci» était le point culminant de notre découverte «crèchistique».


L’élément fort du musée est la collection Angelo Stefanucci, mais entre-temps de nom-breuses acquisitions ont été ajoutées. Réunies, elles donnent un bon aperçu de l’art de la crèche en Italie avec ses artistes de talent. Les diverses traditions des pays d’Europe sont également bien représentées avec une mise en lumière privilégiée de l’Espagne. Il n’est donc pas étonnant que cinq dioramas du frère catalan Gilbert Galceran i Famadas (voir le GLORIA 2018-1) sont à découvrir ici. Ces réalisations sont issues de sa période de maturité et ont été créés vers 1967, lorsqu‘il séjournait à Rome.


Les dioramas de Frère Gilbert décrivent les scènes suivantes: la Visitation de Marie, la re-cherche d‘une auberge à Bethléem, l‘Annonciation aux bergers, l‘Adoration des Mages et la Fuite en Égypte. En comparaison avec les dioramas antérieurs du monastère cistercien d’Hauterive, on peut observer une évolution dans les œuvres romaines. Le décor est plus plastique et expressif. Certains éléments structurels révèlent l‘influence de l‘architecture romaine. Ce qui ressort toutefois, c’est la maîtrise que le frère Gilbert a entre-temps ac-quise pour obtenir le plus grand effet de profondeur possible.


D‘autre part, il a réduit les figures à l‘essentiel. Cela devient particulièrement évident dans la Visitation et l‘Adoration des Mages. Dans la première scène, la volaille n‘est que margina-lement présente; dans la seconde scène, l‘entourage et les montures des rois sont absents. Cela permet de consacrer une attention marquée aux paysages comme aux décors urbains pour un résultat éblouissant.


Hansjakob Achermann

 

Pier Luigi Bombelli: Maternité

 

Pier Luigi Bombelli est né et réside à Sergnano, en Lombardie, dans la province de Cremona. Il a été formé à l‘école de Claudio Mattei à Ponte San Pietro (Bergame) et s‘est perfectionné par la suite auprès d’Antonio Pigozzi et des maîtres catalans du groupe de Francesco Romagosa.

 

Entré à l’Association italienne des amis de la crèche en 1988, il s’est rapidement distingué par son sens du détail et la qualité visuelle de ses créations. Il a été distingué au congrès mondial UN-FOE-PRAE de Bergame en 2016.

 

Ses crèches – exposées dans des musées italiens et étrangers – sont remarquables par le raffinement du détail. L’artiste se plaît à représenter des scènes à l’intérieur de maisons rurales typiques de la région de Crema ou des vallées bergamasques. Il a développé une sensibilité particulière dans l’évocation de l‘intimité, recréant fidèlement les espaces de la tradition populaire de la campagne de Crema ou des vallées de Bergame.

 

Une attention particulière va au choix des figurines réalisées par les meilleurs sculpteurs, surtout italiens et espagnols qui créent souvent des pièces uniques sur base de ses dessins. Il est également un grand collectionneur et a publié, en collaboration avec son épouse Emanuela Carpani, un livre sur les crèches en papier (2015); il travaille déjà à un prochain volume. Il partage ses techniques et ses connaissances dans de nombreux cours, souvent avec Antonio Pigozzi, en Italie et à l‘étranger. Il était également l‘un des organisateurs du 20e Congrès international UNFOE-PRAE à Bergame en 2016.

 

Sa crèche, exposée au musée de la crèche à Rome, porte le titre «Maternitá – Maternité» et s‘inspire du tableau «Les deux mères» (1889) de Giovanni Segantini. Dans une écurie, on voit une jeune mère berçant son enfant dans ses bras. Elle est assise sur un tabouret de traite à trois jambes, vêtue d‘une simple robe longue et porte un voile clair. Son visage se penche vers l‘enfant endormi. Une vache avec son veau se tient à son côté.

 

Bombelli nous montre la scène dans la perspective des moutons curieux devant la porte entr’ouverte. Cette crèche me touche profondément. Elle irradie un intime sentiment de paix. Le groupe des moutons, bien que vu de dos, apporte une touche d’étonnement et de vénération naïve face au mystère de Noël.

 

Eugenia Bolli

 

La crèche de Noël de la place Saint-Pierre

 

À Noël dernier, la place Saint-Pierre à Rome a présenté une crèche spectaculaire, en sable! Notre groupe d‘Amis suisses de la Crèche a tout juste réussi à la voir avant son démantèlement, et Judith Zingg était en alerte derrière son objectif pour la capturer pour le GLORIA.

 

Le Frioul-Vénétie julienne, région bien connue du nord-est de l‘Italie, a stimulé la réalisation de cette action. D’une part, ils ont fourni l‘arbre de Noël de 23 m de haut, placé à côté du célèbre obélisque. De plus, les 700 tonnes de sable nécessaires à la réalisation provenaient du célèbre village adriatique de Jesolo. Chaque été, un festival de sculptures de sable y est organisé et, depuis 2002, une crèche en sable monumentale est modelée à la période de Noël. Les dons reçus par les organisateurs seront reversés à des associations caritatives.

 

Les événements de ces derniers mois ont donné à cette installation de la place Saint-Pierre un sens plus profond: les mots de bienvenue prononcés lors de l’inauguration par les représentants politiques et religieux ont rappelé les violents orages qui ont frappé la côte et les montagnes du nord de l’Italie au cours des derniers mois. Le pape François a rendu visite à la crèche, après la messe organisée à la fin de l‘année pour le réveillon. Le chef de l‘administration du Vatican, le cardinal Giuseppe Bertello, a salué cette scène de la Nativité comme le fruit de la coopération internationale. Les personnages de sable ont été créées par des artistes de Russie, des Pays-Bas et de la République tchèque. La sculpture de 16 mètres de large et de 5 mètres de haut était protégée des aléas de la météo par une construction en toiture – celle-ci avait déjà été démontée à l‘occasion de notre visite à la mi-janvier.

 

Jutih Zingg nous montre la crèche dans une belle lumière du soir. L‘ange de gloire triomphant, au centre, veille sur la Sainte Famille et annonce la bonne nouvelle aux bergers, à gauche, et aux Rois mages, à droite.

 

Quiconque a vu les subtilités des détails – tels que les visages délicats et la fluidité des draperies – ne peut que s’étonner qu’un tel chefd’œuvre ait pu être modelé avec du sable!

 

Raoul Blanchard

 

Il Presepe dei Netturbini

 

Lors de notre voyage à Rome, nous avons eu la chance de visiter «Il Presepe dei Netturbini», l’étonnante crèche des balayeurs. Notre présidente Eugenia Bolli a déjà évoqué cette réalisation dans son éditorial du GLORIA 2018/1. Les photographies de qualité prises par Judith Zingg sont un excellent prétexte pour revenir sur cette réalisation si touchante – afin que nos lecteurs puissent se faire une idée par eux-mêmes.

 

Dire que cette crèche se cache dans une arrière-cour sinueuse à Rome n’est certainement pas exagéré. En effet, il faut du flair – un bon sens de l‘orientation – pour localiser son emplacement dans l‘ancien garage des camions à ordures, sis à la Via dei Cavalleggerie 5. Une fois arrivé, Giuseppe Ianni vous y accueillera avec beaucoup de cordialité. Jeune balayeur de rue – il y a près de cinquante ans – il avait entrepris de construire la plus belle crèche de Rome. Et hardiment, il avait même clamé que le Pape en personne lui rendrait visite. Malgré le scepticisme initial, plusieurs de ses collègues l‘ont activement soutenu. Chaque année, la crèche se développait et le nombre de visiteurs allait croissant. Aujourd‘hui, Giuseppe Ianni est un octogénaire dynamique; le feu sacré, l’enthousiasme dédié à sa quête ne font que s‘intensifier. Bien plus, son pari et triplement gagné! Sa crèche compte à ce jour plus de deux millions de visiteurs, célébrités y compris, et même trois papes avec Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. François se fait toujours attendre, mais Giuseppe Ianni lui laisse encore un peu de temps...

 

Comment expliquer ce succès? La valeur de la crèche des balayeurs de rue ne réside ni dans l’utilisation de matériaux précieux, ni dans une beauté aux critères esthétiques rigoureux. C’est plutôt l’idéal de partage qui l’anime. Plus de 3000 pierres – cadeaux de visiteurs du monde entier, même de la lune et de Mars! – forment la base de son architecture. Pour la construction de plus de cent maisons, de près de mille marches et de quatre aqueducs, il a reçu des matériaux très spéciaux: fragments de la basilique Saint-Pierre, sable de Bethléem, etc. «J‘invite tout le monde à lire la Bible – ajoute Giuseppe Ianni – car ce texte universel contient tant d’amour et de sagesse. Si nous lisions tous la Bible, il y aurait plus de bienveillance dans notre monde».

 

Raoul Blanchard

Index des images "Impressions romaines" (numérotation de gauche à droite)

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  1. Dioramas de Frère Gilbert au Musée de la Nativité à Rome
  2. Pier Luigi Bombelli "Maternitá"
  3. La crèche sur la place Saint-Pierre
  4. La crèche des éboueurs

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